Quand on a besoin d'un temps d'arrêt!
Coucou !
J’espère que vous allez bien et que le retour à la routine après le temps des fêtes n’a pas été trop difficile de votre côté. Je vous souhaite à tous et toutes une fantastique année 2020 ! J’espère que votre liste de résolutions n’est pas trop longue et que votre année sera remplie de joie et d’amour.
J’ai été relativement absente sur le site internet et les réseaux sociaux dans les derniers mois, pas parce que je ne suis plus emballée par ce projet, mais simplement que je n’y arrivais pas. La rentrée s’est bien passée, mais je me suis vite retrouvée dans un tourbillon de to-do lists interminable et de projets qui ont fait en sorte que j’ai dû mettre La classe de Mme Daphné de côté. Et puis, je vais être honnête avec vous, je me sens un peu dépassée dans mon travail et ça m’a pris du temps avant de réaliser que j’étais en train de frapper un mur. J’adore enseigner, mais vous savez tout comme moi qu’on fait face à un tas de défis et qu’on n’a pas toutes les ressources nécessaires pour répondre aux besoins de l’ensemble de nos élèves.
J’ai débuté l’année de façon intense, je restais tard après l’école, sans nécessairement réussir à être vraiment productive, je me ramenais des choses à faire à la maison, sachant très bien que je risquais de ne pas avoir l’énergie de les faire une fois arrivée chez moi. Je me sentais mal d’avoir de la difficulté à planifier des activités, à organiser le temps en classe efficacement, d’avoir l’impression qu’on n’avançait pas vraiment au niveau des contenus à apprendre. Et puis, je dois vous avouer que la gestion de classe au 1er cycle est tellement différente du 3e cycle que j’ai un peu perdu mes repères. Les besoins de mes élèves sont tellement variés, il y a tellement de choses que je voudrais mettre en place pour les aider, mais je ne savais plus par quoi commencer.
Je réalise que je me mets énormément de pression. Je sais que je n’en suis qu’à ma deuxième année d’enseignement et que c’est normal que ce ne soit pas évident, mais je dois vous avouer que j’ai l’impression de ne pas arriver à en faire autant que je le voudrais. Je suis perfectionniste, comme la plupart d’entre vous. C’est une grande qualité, autant qu’un énorme défaut. Du moins, c’est comme ça que je le perçois. Combien de documents ai-je créés et n’ai simplement pas encore partagé parce que je n’ai pas encore trouvé la cerise parfaite à placer sur le sundae ? Beaucoup trop. C’est une chose sur laquelle je dois apprendre à lâcher prise, parce que le plus important, ce n’est pas que chaque détail soit parfait, mais bien que l’activité permette aux élèves de faire les apprentissages voulus.
Je dois vous avouer que j’ai trouvé le retour des vacances très difficile. Mais le mois de décembre n’a pas été évident non plus. Je me questionne beaucoup sur mon efficacité au travail et ma capacité à enseigner à mes élèves. Je ne dis pas ici que je ne suis pas capable de faire mon travail, mais je me sens souvent inadéquate et j’ai l’impression que mes interventions auprès d’eux ne les aident pas tant que ça au final. Pourtant, je sais très bien que mes élèves ont fait des progrès, mais dans ma tête c’est comme si le fait que mes élèves ne sont pas rendus aussi loin dans le programme que les autres classes du 1er cycle faisait en sorte que mon enseignement était un échec. Le fait que nous ne sommes pas rendus aussi loin que les autres groupes est pourtant tout à fait normal puisque mes élèves sont tous différents et ont chacun une ou des difficultés qui ne sont pas restreintes aux apprentissages scolaires. Ce n’est pas pour rien que c’est une classe d’adaptation scolaire. Je sais que c’est tout à fait normal qu’il y ait un certain ralentissement didactique, que cela prenne plus de temps pour voir une notion et la comprendre, mais je veux que mes élèves aient tous les outils dont ils ont besoin pour réussir. Je sais très bien que ce n’est pas réaliste de ma part, que mon travail n’es pas de « sauver » ces enfants, comme certains le disent, mais bien de les aider au meilleur de mes capacités.
Une des raisons pour lesquelles je suis restée aussi silencieuse au cours des derniers mois est parce que je ne suis pas retournée au travail depuis quelques semaines. J’avais besoin de prendre du recul et de mettre certaines choses en perspective. L’anxiété avait pris le dessus au travail et dans ma vie personnelle et je n’arrivais plus à fonctionner. Essayer de formuler et écrire toutes ces idées qui se bousculaient dans ma tête n’était tout simplement pas possible. J’ai eu de la difficulté à ne pas le voir comme un échec. Je me suis demandée si j’allais être en mesure de retourner travailler, de remettre les pieds dans ma classe après presque deux mois d’absence. Partir en milieu d’année, et surtout lorsque c’est ma deuxième année d’enseignement, m’a donné l’impression de ne pas être à la hauteur des attentes. Les attentes de qui vous me direz ? Celles de notre système d’éducation, de ma direction, des parents de mes élèves, de mes collègues, de mes élèves, mais surtout, des miennes. J’avais l’impression qu’on me dirait que je n’étais peut-être pas à ma place en enseignement. Rien ne fait plus peur que de croire qu’on a fait quatre ans d’étude et débuté une maîtrise pour finalement réaliser qu’on n’est pas fait pour ça et qu’on devrait peut-être changer de domaine. Rassurez-vous, ce n’est pas ma conclusion. Je me suis beaucoup questionnée, et bien que plusieurs questions restent sans réponses, je sais que je veux continuer d’enseigner.
Je commence tranquillement à me préparer à retourner au travail dans les prochaines semaines. Le fait d’avoir pris du recul et de ne pas avoir passé mon temps à penser à mes élèves, à la planification, à mes to-do lists (et tout le reste) m’a fait du bien. Je sais que j’ai pris la bonne décision pour ma propre santé mentale, mais aussi pour mes élèves, à qui je veux être en mesure de donner mon 100 % jusqu’à la fin de l’année. J’anticipe le retour en classe, qui ne sera pas évident, mais j’ai tellement hâte de revoir mes cocos. Je sais que je dois prendre les choses une étape à la fois, au fur et à mesure qu’elles se présentent. Après tout, apprendre à gérer son anxiété ne se fait pas du jour au lendemain.
J’ai l’impression que peu d’enseignants se sentent à l’aise de partager les défis que peut présenter le retour au travail après un arrêt plus ou moins long. Écrire cet article a été une des choses les plus ardues que j’ai faite dans les dernières semaines, d’une part parce que ce n’est pas toujours évident de mettre des mots sur ce qu’on vit émotionnellement, mais aussi parce que cela ouvre une porte aux jugements des autres sur mon vécu. J’ai réalisé qu’il était important pour moi d’en parler et d’ouvrir une conversation sur une réalité que des centaines d’enseignants vivent chaque année. Je crois qu’il est important de s’entraider, pas juste parce qu’on est enseignants, mais parce que chacun peut bénéficier de l’expérience de l’autre. Donc voilà, la porte est ouverte, la conversation est lancée.
Avant de vous laisser retourner à vos moutons, j’ai deux petites questions pour vous:
Quels sont vos conseils pour faciliter le retour en classe avec les élèves après un arrêt de travail ?
Que faites-vous quand vous vous sentez dépassé par votre travail?
N’hésitez pas à partager vos expériences, similaires ou non, dans les commentaires.
Je sais que la fin d’étape arrive à toute vitesse, mais la relâche aussi ! Tenez bon, vous êtes tous des profs fantastiques !
À bientôt!
Mme Daphné